Évangéline

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En puisant dans notre patrimoine immatériel, nous découvrons des mines d’inspiration poétique touchant notre spiritualité, notre vie communautaire, les célébrations religieuses ou l’accueil des visiteurs. Écoutons vibrer les cordes sensibles de nos devancières du siècle passé.
Les Adoratrices du Précieux Sang.
Flora Soeur Marie-de-Bon-Secours (Marguerite Gosselin), a.p.s.

Soeur Marie-de-Bon-Secours est née à Verchères (Québec) le 10 mai 1841. Décédée au monastère du Précieux Sang de Saint-Hyacinthe le 7 avril 1893, elle est inhumée au cimetière claustral.
La belle histoire

Dans une étable quelque part en Galilée
Nativité promise réalité révélée
Le Christ est venu Jésus fils de Marie
L'enfant naît grand fort et sain
Tout rayonnant dans l'imagerie
On dit Joseph plein d'esprit saint


Tes mères épuisées regards assombris
Ne donnent plus qu'un sein flasque tari
Tes camps ne servent qu'à parquer la frayeur
Territoires de chasse de caméras obscènes
Pour quelques grains de riz pour oublier la peur
Des corps rampent aveugles indicibles scènes


Terre de Somalie sol sans fruit
Ta progéniture erre ton peuple fuit
L'espoir meurt dès sa naissance
Aujourd'hui ta maternité si généreuse
Ta paternité si présente triste puissance
N'ont du voyage que la voie douloureuse


L'étoile tant attendue signe le présage
Du fond de l'Orient s'amènent les mages
Gaspard Melchior Balthasar
S'approchent du fils d'un dieu omniprésent
La lecture des cieux ne connaît pas le hasard
Les rois s'inclinent et posent leurs présents


L'âne et le bœuf près de la crèche
Réchauffent la paille froide et rêche
Veillent sur l'enfant dans ses langes
Animaux fidèles nobles essentiels
Indifférents à la nerveuse volée d'anges
Égarés dans leur sourire loin du ciel


Au firmament amer des astres frileux
Mènent vers des ailleurs tout soutien généreux
Se traîne s'égare languit la tribu éclatée
Craintivement en quête d'un ultime secours
Elle montre ses plaies à la bonne société
Vers cette chaire mourante le vautour accourt


Glaciale la nuit brûlante le jour
Ta glèbe sans vie sans secours
N'offre qu'un trop précaire abri
Seules les mouches harcèlent infâmes
L'animal ami n'est plus de compagnie
Tes enfants prostrés souffrent en leur âme


Devant l'Emmanuel les regards s'illuminent
Dans tout être l'allégresse domine
Nuit de joie moment de paix
Comme l'homme voudrait avec ce messie
Jouer rire partager ses jouets
Inventer pour lui un féerique récit


Lieux d'amour plus que de froidure
On a vu refleurir quelque verdure
Dix bergers aux regards transfigurés
Empressés accourent se jettent à genoux
Cent brebis cent toisons immaculées
Se pressent en un bêlement tout doux


À travers les jours à chaque millénaire
L'homo sapiens oublie tous les présents calvaires
Il aime faire siens les jolis contes anciens
Son cœur ne pleure pas la mort de son frère
Une larme peut-être pour la perte de son chien
La fin des temps n'est plus le divin repère


© Jean Grignon

Souvenir du 14 septembre 1861

Salut beau jour qui revient chaque année
Tout parfumé de touchants souvenirs,
Toi qui fixas l'heureuse destinée
De quatre coeurs aux purs et saints désirs;
C'est toi qui vis une plante nouvelle
Prendre racine au jardin du Seigneur
Tu vis tomber le Sang d'un Dieu sur elle
Et sous ces flots tu vis naître une fleur.


Près de la croix grandit la fleur timide,
L'oeil de l'amour veilla sur son destin,
Et d'autres coeurs prenant leur vol rapide
Sont accourus s'offrir au Sang divin;
Huit fois déjà ce jour vint nous redire
Tous les bienfaits, tout l'amour du Seigneur,
Pour le fêter, ô ma fidèle lyre,
Chantons le Sang qui fit croître la fleur.


Que n'avons-nous, ô fête d'allégresse,
Pour t'accueillir des accents plus joyeux?
Pourquoi jeter un voile de tristesse
Sur ce bonheur que nous donnent les cieux?
Mais pour l'enfant dont la Mère est absente
Le plus beau jour apporte encor des pleurs...
Seigneur, entends notre voix suppliante :
Rends-nous bientôt ce trésor tout en fleur.


Rends-nous au ciel nos compagnes aimantes,
C'est le seul aveu que nous osions t'offrir,
Sang de Jésus, nos âmes gémissantes
Ne veulent rien que t'aimer et souffrir.
Près de la croix nous leur restons unies,
Un même amour enchaîne à toi nos coeurs;
Oh! fais qu'un jour ces victimes bénies
Soient de ton Sang les immortelles fleurs.


14 septembre 1869

Hommage à Mgr Joseph La Rocque, évêque fondateur

L'ange.
Enfants, écoutez-moi... J'entends votre prière :
Vous avez vu l'Apôtre, ah! contemplez le Père
Dont le coeur bat pour vous.
Je dérobe une page à son intime vie
Pour laisser vos regards y plonger avec envie
Dans son coeur humble et doux.


Un jour, Dieu lui parla, Sa voix était puissante,
Et l'âme du Pontife, un moment hésitante
Crut et lui répondit.
Comme le sénevé dont parle l'Évangile,
Un germe fut jeté dans la terre fertile
Et votre oeuvre naquit!


Il vous réunissait tout près du tabernacle
Dans cet étroit séjour, heureux petit Cénacle,
Doux berceau d'autrefois;
Là, votre Dieu-Sauveur, dans son Eucharistie,
Et votre Père aimé, gardien de votre vie,
Vous parlaient à la fois.



Il vous disait: Enfants, je n'ai pour vous qu'un rêve,
C'est de vous voir, avant que mon exil s'achève,
Fortes pour le combat.
Marchez, élancez-vous, constantes, généreuses,
Gardez, en traversant des routes épineuses,
Un coeur que rien n'abat.


Dieu lui dicta pour vous des lignes immortelles,
Décalogue reçu de ses mains paternelles,
Loi de grâce et de paix!
Là son coeur est écrit dans l'esprit qui l'anime,
Là vous le sentirez, dans les voeux qu'il exprime
Palpiter à jamais.


Mais le Pontife atteint d'une longue souffrance,
Réclamait le repos et cherchait le silence
Auprès du saint autel;
Et bientôt votre nid de colombes joyeuses
Possédait ce trésor qui sait vous rendre heureuses
En attendant le ciel.


Vierges, depuis longtemps cette présence aimée
Met dans votre séjour l'atmosphère embaumée
Des plus belles vertus.
Sa douceur a pour vous comme un charme ineffable,
Près de lui, vous croyez, dans une erreur aimable.
Être près de Jésus!


C'en est assez, enfants... Cette âme au regard d'ange
Qui devait vous former pour l'amour, la louange
Et les instincts du ciel,
Un jour vous la verrez brillante et radieuse
Et vous saurez pourquoi sa trace est lumineuse
Dans ce monde mortel!


Les vierges.
O Christ, tu l'as choisi presque dès sa jeunesse,
Et ton Sang l'a sacré d'une huile d'allégresse
Pour les plus hauts destins.
Sois béni de son coeur et sois béni des nôtres,
Toi qui veux lui donner la gloire des apôtres
Dans tes palais divins!


Extraits - 25 octobre 1877

 
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